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L’ikebana a émergé dès le VIle siècle comme forme d'expression artlstique à part entière.

Cet art ancestral de la compositlon florale, dont le nom signifie «faire vivre les fleurs», était  autrefois régi par des règles strictes. Aujourd'hui, les artistes d'Ikebana imaginent des créations toujours plus personnelles. Toutes ont un point commun: leur sobriété raffinée.

«Créer à partir de quelques fleurs et branchages un arrangement artistique caractérisé par la sobriété et la pureté de ses lignes»: c'est en ces termes que l’école d’ikebana Sogetsu de Munich définit l'art floral japonais. La composition d'un ikebana prend en  compte les lois de la nature, mais aussi celles de cet art, qui consldère chaque création comme une sculpture. Fleurs et rameaux sont disposés pour produire un certain effet, la  géométrie joue un rôle de premier plan: les lignes droites expriment la rigueur, les courbes la douceur. Quand le bouquet doit inspirer sérénité et équilibre, les lignes horizontales ou verticales dominent. Pour traduire le dynamisme et le mouvement, on opte pour des diagonales. Les couleurs des fleurs ont elles aussi leur importance: en fonction de l'effet recherché, on choisit des tonalités froides ou chaudes.

Les matériaux employés sont généralement très simples. Souvent, on utilise de petites branches sèches dont on retire l'écorce pour les faire paraître plus claires. Ouant aux fleurs, on en choisit un petit nombre, mais les plus remarquables possibles.  S'y ajoutent parfois quelques pierres, de la mousse, de petites fougères ou des graminées. Les compositions modernes font  même appel à des matériaux abstraits comme le métal, le  plastique ou le verre. Chaque détail est minutieusement étudié  pour concourir à l’impression d’harmonie. Le vase ou le plat est  donc sélectionné avec autant de soin que les végétaux.

Une règle de base de l'ikebana veut que l’on n’utilise jamais deux tiges ou deux rameaux de la même hauteur. Par ailleurs, de multiples significations symboliques entrent en jeu. La plupart des compositions s'organisent autour de trois lignes, «shin, soe et tai», qui représentent le ciel, la terre et l’humanité.

Déplacer une ligne de quelques centimètres peut aussi modifier radicalement le sens de la composition. Dans les chabana traditionnels, les modestes bouquets confectionnés pour la cérémonie du thé, l'orientation des lignes suit des règles strictes:   une ligne doit pointer vers l’invité, l'autre vers l'hôte. Enfin, les végétaux utilisés sont eux aussi porteurs de sens: tandis que les branches de pin rappellent les pierres et les rochers, le  chrysanthème est l'image des cours d'eau.

Au cours des siècles, le Japon a vu se développer des styles très variés, qui ont donné naissance à quelque trois mille écoles d'ikebana distinctes. Les pratiques modernes rompent avec la  tradition et laissent à l’artiste beaucoup plus de liberté. Mais dans les styles traditionnels comme contemporains, un même critère continue de s’appliquer: créer une œuvre d’art à partir d’un  nombre réduit d’éléments.

Source du texte: «SENSAI JOURNAL» Édition Printemps/Été 2014
Éditeur: Kanebo Cosmetics Switzerland, Zurich
www.sensai-cosmetics.com